SCANSPEAK 18WU4741T00
La documentation constructeur se trouve sur le site de Scanspeak : 18WU4741T00
Photos commentées
Ce midwoofer de 18cm en version 4 ohms représente le haut de gamme de la marque, située encore devant la célèbre série revelator. Le prix public avoisine les 290 euros pièce.
C’est un haut-parleur à membrane papier en mode sandwich et non traitée. Habituellement le traitement d’une membrane vise à réduire les effet de fractionnement par amortissement.
Sur cette série scanspeak a choisis de faire autrement en appliquant des formes en relief sur la membrane. Le dessin qu’on y voit n’est donc pas purement décoratif. Il vise à renforcer la rigidité de la membrane tout en limitant les effets de fractionnement trop brutal. Cette technique était déjà employée sur la série revelator avec un dessin différent.
La suspension est un demi rouleau soit disant à faible perte mais suffisament dimensionnée pour assumer les 9mm annoncés d’excursion, presque un record pour un midwoofer de ce diamètre.
La partie visible du chassis montre trois double vis pour la fixation, esthétique mais pas forcément le plus adapté pour répartir les forces de serrage.
Jusque là rien de très original mais passons sur l’envers car c’est à ce niveau que tout se passe ou presque.
(Photo de Powerdoc)
Pour revenir à la membrane la forme pourrait représenter une sorte de « fleur », il y a en réalité deux « fleurs » décalées l’une par rapport à l’autre : l’une est visible à l’extérieur en sur épaisseur, l’autre visible uniquement par l’intérieur et plutôt creusée. Donc attention, ce qu’on voit ici sur cette photo n’est pas visible sur l’autre côté, ce n’est pas la même. Je ne sais pas si je suis clair…
Le châssis est très aéré avec un spider très visible et largement dimensionné ainsi qu’un support de bobine ventilé. La photo ne le montre pas mais il y a également une ventilation de la pièce polaire qui est percée.
Le moteur possède un aimant néodym qui le rend très compact. Il présente une architecture symétrique par rapport à l’excursion de la bobine agrémenté de bagues de cuivre pour réduire les taux de distortion.
L’architecture du moteur est appelée underhung.
Explications : La plupart du temps nous rencontrons des moteurs overhung : c’est à dire que la bobine est plus haute que l’entrefer (over = plus grande). Le xmax est défini de manière à à ce que lorsque la bobine se déplace il y ait toujours une partie de la bobine en face de l’entrefer qui est la zone où se concentre la « force » du moteur exercée sur cette dernière.
Sur un moteur overhung le calcul du xmax se fait donc ainsi : ( Hauteur bobine – Hauteur entrefer) / 2.
Sur un moteur underhung c’est l’entrefer qui est est plus haut que la bobine (under = plus courte). Le xmax sera alors définit de manière à ce que lorsque la bobine se déplace elle soit toujours dans l’entrefer. Le calcul se fait donc ainsi : (Hauteur entrefer – Hauteur bobine) / 2.
Voici un petit schéma piqué sur le site d’acoustic elegance que j’ai modifié pour illustrer mon propos. Ce schéma représente une coupe d’un haut-parleur et je l’ai modifié de manière montrer les deux principes d’un côté et de l’autre.
Une fois compris ceci la question est : qu’est-ce que ça change ?
Dans le cas d’un moteur overhung seule une partie de la bobine est en face de l’entrefer et en fonction de l’excursion de celle-ci cette force appliquée pourra être variable.
Dans le cas du moteur underhung si l’on reste dans les limites du xmax, toute la bobine sera toujours entièrement en face de l’entrefer et la force devrait bien moins varier avec l’excursion. Cette force est représentée dans les fiches techniques par la valeur notée « BL ».
Les moteurs underhung permettent également de conserver une bobine courte et donc de faible poids pour conserver un fort xmax. Cela nécessite néanmoins une plaque de champ de forte épaisseur et un aimant probablement de plus forte puissance. Ça coûte donc plus cher, surtout avec l’emploi du neodym.
Le système de test Klippel permet de bien visualiser le comportement du moteur, un article sera prochainement consacré à cet aspect.
Paramètres de Thiel&Small
Faute de temps ils n’ont pas été mesurés lors de notre essai.
Courbes de réponse en fréquence
Voici une courbe de réponse prise à 10cm du baffle.
On notre une excellente linéarité avec un maintient de la réponse dans le grave typique des haut-parleurs à structure underhung qui ont souvent des courbe légèrement en cuvette (hors effet de baffle).
Ici la courbe fenêtrée et mesurée à 80cm sur le baffle de l’illumina, cette mesure montre donc la courbe du haut-parleur en tenant compte de l’effet de baffle.
Distortions harmoniques
Les courbes de distortions ont été relevée pour 2.8v aux bornes du haut-parleur.
Les distorsions harmoniques sont dominées par de la H2. Le taux de H3 notamment dans le haut medium est très faible et le fractionnement du cône se répercute très faiblement sur les courbes de distorsions harmoniques.
Néanmoins les performances dans le medium et surtout bas medium ne sont pas fantastiques.
En effet si l’on compare cette courbe à celle du petit frère 18W4434G00 qui équipe la Prima on note que ce dernier semble plus performant, dans les mêmes conditions, de 100 à 400Hz que ce soit en H2 comme en H3. N’oublions pas que de la H3 à 300Hz c’est du 900Hz !
Le petit frère de la gamme discovery possède toutefois un taux de H3 plus élevé dans les fréquences supérieures mais des H2 légèrement plus faible et donc au final une THD comparable.
Voici la courbe de THD du 18WU4741T00
Pour rappel sur le 18W4434G00 discovery ça donnait ceci :
Sachant qu’il possède une sensibilité légèrement supérieure, c’est à dire qu’à tension égale (ici 2.8v) le discovery joue déjà un peu plus fort (environ 2db) !
Le modèle illuminator 18WU4741T00 est plus apte à descendre dans le grave et était ici chargé dans une trentaine de litre accordé à 33Hz contre 17 litres accordé à 50-55Hz pour le petit frère. Le taux de disto remonte donc logiquement un peu plus rapidement dans le grave sur le discovery mais à ces fréquences la sensibilité de l’oreille à ce genre de chose ne permettra pas forcément de déceler la différence, elle décèlera pas contre parfaitement que l’illuminator descend plus bas.
Aspect temporel
Le CSD Waterfall
Le CSD Sonogram
Le Burst Decay
Le fractionnement en fin de bande passante démarre assez tôt, dès 3kHz et est assez étalé en fréquence ensuite, les résonances sont assez maîtrisées.
Il existe également des accidents vers 800Hz puis 1.3kHz-1.4kHz. Ce dernier se voit également sur la courbe de réponse en fréquence et sur la courbe d’impédance (voir celle publiée par le constructeur). Le procédé utilisé sur la membrane n’apporte visiblement pas beaucoup plus d’avantage qu’une membrane traitée correctement comme celle du 18w4434g00 discovery dont le comportement diffère peu in fine.
Conclusion
Il est très difficile de conclure sur ce test qui me laisse perplexe. Sur le papier ce haut-parleur embarque une technologie attirante. Les mesures sont un peu moins enthousiasmantes par rapport à certains haut-parleurs plus modestes.
Il faut lui concéder que dans sa catégorie il possède une extension dans le grave très importante (proche d’un midwoofer de 8 pouces) associé à un xmax très confortable. La réponse est assez linéaire et les distorsions de bon niveau. Le comportement de la membrane se situe dans la bonne moyenne.
Le véritable point faible de ce hp est le prix qui me semble très élevé pour un 18cm et le rapport qualité prix en souffre beaucoup.
Nous n’avons pas fini de parler de ce haut-parleur car un article sera dédié à ma rencontre avec Powerdoc et l’écoute de ses illumina66 (par Troels Gravesen) comparées aux Prima. Un autre article consacré aux tests Klippel montrera également les résultats obtenus sur ce haut-parleur.
Yoh,
a priori je dirais qu’un underhung devrait posséder de meilleurs taux de distos d’intermodulation.
Les caractéristiques aéros du WU devraient lui apporter un avantage sur des écoutes longues à relative haute puissance.
La technicité de la membrane du WU se remarque dans le haut-mid/bas-aigu, à la fois moins floppy et mieux amortie que le discovery, privilégiant des H impairs plus faibles et lui permettant de monter sainement pour en faire un hp très performant en 2-voies.
Enfin, même si le THD peut donner une idée de la qualité globale d’un hp, l’analyse des H devient plus pertinente car plus adaptée à la détermination des caractéristiques à retenir pour un filtrage optimisé.
🙂
Je suis d’accord avec toi et en effet les distortions d’intermodulation devraient être plus faibles. Néanmoins je ne suis pas de ton avis sur le côté « floppy » et si tu regardes bien le comportement de la membrane n’est pas vraiment meilleur sur les waterfall, l’illuminator fractionne même plus tôt que le discovery !
Tu peux aussi comparer les mesures de zaphaudio des version 8 ohms de ces deux haut-parleurs pour t’en convaincre.
Cédric, ce que je voulais faire ressortir c’est que la membrane du WU, étant plus rigide, abaisse les distos entre 1 et 3k par rapport à un hp floppy; ses résonances sont certes plus marquées mais c’est le résultat qui compte: si SS a greffé une telle membrane à son WU ce n’est pas pour rien; si la membrane du disco était plus performante ils l’auraient mise sur le WU. Pour moi il est clair que les ingés ont privilégié la rigidité pour de bonnes raisons, tout en essayant d’amortir au maximum sans trop affecter le rendement. Et ce qu’on pense être du fractionnement commençant tôt n’est en fait que la transition toujours très délicate à maîtriser entre une membrane rigide et la suspension; un hp floppy permet une meilleure transition.
🙂