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SB17NBAC35-4 versus SB17CRC35-4 : le duel fratricide !

Il y a longtemps que je souhaitais tester la version aluminium du SB17 de la marque SB Acoustics. La curiosité a atteint son paroxysme lors de la sortie de la version noire.

En effet ses paramètres lui permettent visiblement de descendre assez bas dans un volume raisonnable, et le pic de fractionnement de la membrane est repoussé haut en fréquence afin de garantir une bonne bande passante utile.

Les mesures disponibles sur internet par exemple chez Troelsgravesen ou sur Audioexcite laissent présager de belles performances avec des taux de distorsion très bas.

SB Acoustics a multiplié les technologies concernant les membranes sur sa gamme SB17 : on retrouve les classiques papier, polypro, ou aluminium  mais aussi plus original avec des membranes céramique ou encore carbone/Rohacell.

C’est cette dernière que nous allons opposer à la version aluminium noire. Les moteurs, châssis, suspensions, bobine…. semblent identiques : seuls les matériaux constituant la membrane sont donc (a priori) différents. Il sera intéressant de voir à quel point cela peut influer sur le résultat.

Voici la fiche technique des deux concurrents

SB17NBAC35-4

SB17CRC35-4

NB : Avant de commencer ce test je tenais à remercier Cédric C. (alias Powerdoc) qui m’a prêté ces deux modèles ainsi que le tweeter SB26ADC-C0004 qui fera peut être l’objet d’un autre test.

Photos commentées

La différence entre les deux membranes saute directement aux yeux. La version aluminium présente un joli aspect « black » mat dans cette version qui sera plus discrète que la version grise.

On note la présence de sortes de corrugations sur la membrane, le NBAC partage cela avec la version céramique de la gamme. Leur présence n’est pas simplement un élément esthétique a priori et devrait avoir un rôle dans la gestion du fractionnement de la membrane.

On ne retrouve pas cet artifice géométrique sur la membrane carbone. Son aspect parait tressé en relief mais il possède un traitement de surface légèrement brillant qui rends la membrane lisse.

Sur l’envers on voit bien le côté sandwich de cette membrane carbone avec le Rohacell.

Une petite recherche sur un célèbre moteur de recherche nous montre que la marque Rohacell est spécialiste en industrie, notamment aéronautique. Visiblement ce serait un sandwich avec une lame de carbone et de la mousse permettant d’augmenter la rigidité tout en conservant une certaine légèreté. Effectivement c’est une bonne idée de le tester pour une membrane de haut-parleur car cela fait partie des caractéristiques qui peuvent nous intéresser.

Voici le genre d’image que l’on peut trouver sur leur site

Ici une photo de l’envers du haut-parleur d’un peu plus près.

Concernant la légèreté si l’on regarde les paramètres annoncés par le constructeur on remarque néanmoins que la masse mobile (mms) annoncée du CRC est légèrement plus élevée que celle du NBAC : 14.2 g contre 12.4 g.

Je profite de cette photo pour vous montrer au travers des trous de ventilation du support de la bobine la présence d’une bague de démodulation cuivre visant à réduire la Le et les distorsions. Pour obtenir cette photo j’ai du effectuer une pression sur la membrane afin de la faire apparaître.

La finition des haut-parleurs est très bonne : on remarque la présence d’un petit joint mousse pour le montage et l’excellent raccord membrane/suspension.

Le saladier semble bien aéré et le moteur est ventilé.

On notera une petite différence entre les deux autocollants. L’un d’eux nous explique que les haut-parleurs sont dessinés au Danemark et fabriqués en Indonésie (usine Sinar Baja il me semble).

Impédance

Impédance à l’air libre

Pour cette mesure les haut-parleurs sont fixés verticalement sur un support.

Malgré une Mms annoncée plus faible la version NBAC résonne plus bas en fréquence.

Ce NBAC présente une courbe vraiment propre avec seulement un petit accident 9.7kHz correspondant à priori à la zone de fractionnement mécanique de la membrane que les anglo-saxons appellent « breakup ».

On note également une légère modification pour le CRC dans la zone de fractionnement mais c’est étalé et plus amorti autour de 6khz.

Ce qui parait plus gênant est l’accident à 1600Hz, cette zone ne correspond a priori pas au même phénomène que ci-dessus. Ce phénomène me rappelle celui rencontré sur le Satori MW19P-8 que nous avions testé il y a quelques temps.

Les deux modèles ont une inductance faible avec une courbe qui remonte peu avec la fréquence. C’est un effet de la présence de bagues de cuivre dans le moteur.

Le(X)

Pour l’occasion j’ai décidé d’introduire un nouveau paramètre dans mes tests : une mesure d’inductance en fonction de l’excursion.

L’idéal serait un banc de mesure Klippel mais à moins que quelqu’un n’ait envie de me l’offrir il faudra faire sans.

Pour une première j’ai décidé de faire simple : haut-parleur posé à l’horizontal, une cale suspendu est fixée et repérée au point de repos.

Ensuite je prends le xmax théorique du haut-parleur (ici +/- 5 mm). La cale est positionnée en pression pour maintenir la membrane à -5mm puis elle est positionnée à + 5 mm et la membrane poussée jusqu’au contact.

Une mesure d’impédance est donc réalisée pour ces 3 positions : -5 mm, 0, + 5mm. REW permet d’estimer l’inductance de la bobine (Le), la mesure est effectuée à 10kHz.

La méthode est encore un peu artisanale et mériteraient d’évoluer mais elle a le mérite d’exister, si les puristes veulent bien me le pardonner.

J’ai reporté les valeurs de Le mesurées à 10k sur les graphiques.

Voici les résultats obtenus

On note sur ce graphique que le NBAC semble mieux se comporter que le CRC, étant donné que leurs moteurs sont identiques je me demande si cela n’est pas lié à l’imprécision de ma mesure.

Regardons alors la tendance : on remarque que dans une position la Le ne varie quasiment pas alors que dans l’autre elle augmente. Si l’on devait chercher une explication à ce phénomène il faut la chercher sur la structure du moteur et le placement de la démodulation cuivre.

Déjà il faut souligner qu’elle est présente sinon nous aurions une variation dans les deux positions.

Mais souvenez vous des photos plus haut où l’on voit cette partie cuivrée au travers de la ventilation du support de la bobine. En position de repos elle dépasse à peine du bobinage donc lorsque le haut-parleur a un déplacement vers l’extérieur la bobine n’est plus en face de la partie cuivrée, alors que quand elle s’enfonce oui.

Le résultat obtenu montre donc le résultat attendu d’un moteur présentant une bague démodulation mais dont la structure du moteur n’est pas symétrique. Les distorsions seront certes réduites mais ce ne sera pas optimal lors des excursions et devrait s’en ressentir en intermodulation lorsque le haut-parleur présente un certain débattement.

D’autres marquent annoncent des moteurs plus évolués mais les prix ne sont pas les mêmes. A l’heure où j’écris cet articles le SB17NBAC s’achète environ 63 euros, contre 89 euros pour le SB17CRC.

Paramètres de Thiele and Small

La mesure est réalisée à l’aide du logiciel LIMP, avec la méthode de la masse ajoutée. Le haut-parleur étant fixé verticalement.

Visiblement mon protocole est différent de chez SB Acoustics qui semble faire une « préparation » du haut-parleur. En général ce genre de traitement a pour effet de diminuer Fs et Qts, entre autres. Néanmoins lorsque le haut-parleur refroidit les paramètres rechangent et cela me parait peu reproductible dans mon cas pour des mesures amateurs (et c’est aussi plus fastidieux).

Je mesure donc tous les haut-parleurs à « froid ».

Voici les résultats

A part sur la Mms les écarts avec la mesure constructeur paraissent identiques entre les deux haut-parleurs. Je pense que l’hypothèse de la différence due au protocole de mesure est la plus probable.

La caisse utilisée pour les essais fait environ 19 litres, l’enceinte est close mais si je la passais en bass reflex, quelque soit les paramètres utilisés dans le logiciel de simulation les deux haut-parleurs vont se comporter de manière très proches et permettraient dans ces conditions d’obtenir une f3 à environ 40Hz ce qui est plutôt honorable dans ce volume.

Le spl max est néanmoins limité car la surface émissive est faible pour la catégorie.

Réponse en fréquence

La mesure est est réalisée à environ 25cm du baffle dans l’enceinte close de 19 litres + amortissant.

 

Les courbes sont très proches de celles publiées par SB acoustics. Pas de mauvaise surprise…ni de bonne.

Le CRC présente une petite inflexion à 1600-1700 Hz, pile dans la zone de l’accident vu sur la courbe d’impédance. Nous avions remarqué ce phénomène sur plusieurs haut-parleurs différents de la gamme SB mais le NBAC lui ne semble pas affecté.

Ce dernier présente un pic de fin de bande haut en fréquence culminant à 9kHz environ, il est repoussé plus haut en fréquence que celui du CRC dont le premier pic se situe à 5khz environ. La bande passante du NBAC pourrait donc être un peu plus étendue.

Directivité

Les mesures ont été réalisés à 70cm, fenêtrées, et par paliers de 15 degrés. Elles ont été ensuite entrée dans le logiciel Vituixcad pour profiter d’un affichage normalisé.

 

 

Le résultat est plutôt étonnant, là où nous attendions un NBAC avec un comportement en piston plus haut en fréquence du fait d’un fractionnement plus haut en fréquence il n’en est rien, le CRC semble avoir un comportement plus sain jusqu’à environ 3kHz là où le NBAC s’arrête à 2khz environ.

Même si, entre les deux, seules les membranes semblent différer il n’y a peut être pas que les modes de fractionnement qui entrent en jeux pour expliquer ce résultat.

J’ai remarqué que la forme du cache poussière différait, et lors de mes mesures de Le(X) j’ai remarqué que celui du CRC était plut « pointu » et m’obligeait à positionner ma cale 5mm plus haut que sur le sommet du cache du NBAC. Peut être qu’il permet un meilleur « guidage » des ondes.

Comportement temporel

Pour cette mesure les haut-parleurs ont été égalisés grossièrement avec une EQ sur la zone de fractionnement.

 

Le CRC présente deux pics de résonance en fin de bande bien distincts à 5 et 7khz : est-ce dû au côté bi-matériaux de sa membrane ?

Néanmoins ces pics sont un peu plus amortis que sur la version NBAC qui présente un fractionnement plutôt étalé en fréquence et est moins marqué sur une fréquence comme on aurait pu le croire.

On peut regretter une petite résonance autour de 1600Hz sur les deux haut-parleurs, elle semble moins marquée sur le NBAC mais c’est probablement lié à a représentation graphique et au fait que l’égalisation n’est que très grossière. Regardez l’échelle de couleur le NBAC part déjà avec une atténuation un peu plus forte que le CRC dans cette zone.

Distorsions

Pour cette mesure j’ai d’abord calé le niveau à 2.8 volts. A cette tension ces haut-parleurs sont à environ 90db à 1m (hors effet de baffle).

Les mesures estampillées « 90b » sont donc mesurées à 2.8v, les mesures estampillées 100db sont simplement mesurées avec +10db sur mon préampli/filtre actif.

La mesure est réalisée à 25 cm afin de conserver un bon rapport signal/bruit. Les conditions de mesure et réglages sont très très proches de mon protocole utilisé pour le comparatif medium et large bande . Le sb17nbac faisait partie de la liste des candidats pour l’un de mes futurs projets en usage medium sur une trois voies, je souhaitais donc avoir un minimum d’éléments de comparaison.

Distorsions harmoniques

A 90db / 1m

 

Le niveau de performance globale est identique entre les deux haut-parleurs. Et les taux mesurés sont excellents entre 200 et 1500Hz. Il sont meilleurs, voire équivalents aux meilleurs du comparatif de medium et large bande évoqué plus haut.

NB : Le petit pic de H4 vers 380Hz sur le CRC est un artefact de mesure que j’avais bien plus marqué sur le nbac, j’ai réussi à le corriger en modifiant l’amortissement de la caisse mais pas sur le CRC.

Voici un petit « Overlay » de la H3

Les pics de fractionnement de la membrane ont une répercussion directement visible sur la courbe de H3. Sans surprise le pic de H3 est plus bas en fréquence sur le CRC qui devrait idéalement être coupé sous 1500Hz alors qu’on pourrait pousser à 2000 Hz sur le NBAC.  C’est ici la seule vraie différence entre les deux.

A 100db / 1m

 

La mesure à 100db ne change pas vraiment la donne. On remarquera juste que les valeurs s’envolent sous 100Hz.

Distorsions d’intermodulation

Dual Tone 1000 + 1100 Hz

 

ARTA annonce des distorsions d’intermodulation légèrement meilleures sur le NBAC mais on peut remarquer une mesure bien plus bruitée que sur le CRC.

Ce n’est pas comptabilisé en intermodulation par le logiciel mais même en faisant abstraction de ce phénomène les résultats sont un peu en dessous de ce qui a été obtenu avec le Scanspeak 10F4424G00 par exemple.

Voyons simplement ce que donnerait un sinus calé à 1kHz

On retrouve le côté « bruité » sur le NBAC.

Dual tone 60Hz + 1000Hz

Ici le but est de voir comment cela se comporte à 1kHz lorsque le haut-parleur joue en même temps des fréquences graves.

Le niveau d’excitation du haut-parleur est de 2.8v. D’après les simulations sur winisd, dans cette charge et à ce niveau, l’excursion correspond à moins de la moitié du xmax, donc normalement une zone de confort pour le haut-parleur. La fréquence de 60Hz est suffisamment éloignée pour que ses harmoniques ne viennent pas perturber la lisibilité. On ne voit donc que l’intermodulation.

 

Par rapport à un simple sinus regardez les produits autour du 1kHz, ils sont très importants. Ici aussi à mon sens le CRC se débrouille mieux que le NBAC mais ça fait peur quand même. Il serait intéressant de comparer cette mesure avec un haut-parleur de diamètre équivalent mais plus évolué.

Conclusion

Le titre annonçait un fratricide, c’est en tout cas ce que je pensais au départ : pour moi c’était clair le NBAC allait surclasser le CRC !

Mais dans les faits ce n’est pas tout à fait le cas.

Mis à part un fractionnement plus haut en fréquence et une remontée de H3 correspondant plus haut en fréquence sur le NBAC, le match n’est pas forcément très tranché.

Les distorsions harmoniques sont équivalentes mais le comportement à l’intermodulation est à mon sens meilleur sur le CRC que le NBAC.

Ces deux haut-parleurs semblent capables de descendre bas dans un volume modéré pour réaliser une petite deux voies mais ce test me fait dire qu’ils feront d’excellents candidats en usage medium avec une coupure > 200Hz.

Et s’il est possible d’envisager une coupure haute < 1500Hz alors pour moi le choix se porterait sur le CRC (sauf pour l’esthétique, goût personnel).

Comme souvent j’ai fait une petite écoute comparative en large bande, en mono avec et sans égalisation. Cet exercice présente des limites mais est parfois assez riche d’enseignement. Avec l’expérience je retrouve souvent dans mes mesures une concordance avec mes impressions d’écoute, ou l’inverse.

Avec le temps je remarque le comportement temporel et l’intermodulation ont une grande importance à l’écoute . C’est le cas ici, le CRC sonne plus propre et moins fatiguant.

 

 

Cédric B. (Kro)

J’ai mis le doigt dans l’engrenage lorsque j’étais étudiant en achetant mon premier matériel hifi-homecinema. Mon budget restreint, mes diverses rencontres dans la région lyonnaise, et surtout ma cursiosité m’ont rapidement poussé à chercher « comment ça marche » et à mettre les mains dans la soudure. Mon métier est vétérinaire et ma formation a peu de chose à voir avec l’audio. J’ai longtemps été animateur puis modérateur sur le forum du site www.homecinema-fr.com et c’est en grande partie grâce à internet que j’ai pu progresser et apprendre dans le domaine de l’audio. Si j’ai souhaité créer justdiyit c’est pour transmettre à mon tour, et à mon niveau, tout ce que la communauté DIY a pu m’apprendre et continue à le faire chaque jour. Alors quand Guillaume m’a proposé de s’occuper du support je n’ai pas hésité !

4 réflexions sur “SB17NBAC35-4 versus SB17CRC35-4 : le duel fratricide !

  • Vincent

    Merci pour ce nouveau test. Tout y est bien détaillé et analysé.
    Si mes rs52an venaient à ne pas me convenir, je comptais me rabattre sur le sb17nbac avec une plage d’ulisation 150-2000hz (d’après d’autres mesures). Ton compte rendu semble le confirmer.
    Et comme mes tweeter sont les sb26adc…je patienterai pour le prochain test de tweeter
    En tous cas, merci pour ces précieux tests pour la communauté.

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  • Powerdoc

    Merci pour ce test. C’est le premier qui fait des mesures d’interpolation, ce qui constitue un vrai plus, surtout que le test est complété par une écoute.
    Le CRC serait donc plus intéressant coupé vers 1500 hz, et le NBAC légèrement au dessus de 2000 hz en pente raide (car il fractionne relativement violemment)
    Pour le reste, sans surprises, on retrouve le très bon comportement relaté sur les sites Audioexcite et Hificompass.
    Notons enfin , que le version CRC est un peu plus onéreuse que la version NBAC qui a un rapport Q/P imbattable

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  • Both of tested woofers seem to be much better than the paper NRXC version, however the cone break-up of the CRC Rohacell is similar to NRXC which makes the crossover design a bit tricky. As for the T/S parameters, my SB17NRXC-4 dropped Fs by about 4-5Hz after 6-7 months of playing. The Qts stabilized around 0.31 for one sample and 0.37 for a second one, however they from different batches. It would be interesting if you can observe the same behavior as I did.
    I share similar opinion with Zvu about the NRXC version: it’s OK, but in this price category there are better midwoofers. Actually I’m interested how the SBs will do against the inexpensive Scan Discovery once you will have chance to listen to them.

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