CoaxNews

B&C 10FCX64

Le B&C 10FCX64 est un haut-parleur coaxial de la firme italienne basée près de Florence.

Le catalogue B&C est bien fourni en coaxiaux de tous diamètres. Nous sommes ici face à un modèle 10 pouces qui représente un bon compromis dans la gamme. La membrane semble fractionner un peu plus haut que ses frères 12 pouces mais avec une compression qui descends presque aussi bas.

Les « coax » sont souvent des haut-parleurs avec certains compromis, nous avions pu le vérifier lors du test des 8CXN51 . Voyons comment se comporte cette version.

Photos commentées

La présentation est classique pour un haut-parleur à destination d’un usage professionnel de sonorisation. C’est moins sexy que les haut-parleurs dits « hifi » avec ce gros joint caoutchouc plutôt dessiné pour un montage par l’arrière.

On devine sur cette photo que la suspension est presque transparente.

Le cône quant à lui est traité « waterproof » sur l’avant. On devine mieux sa structure sur l’arrière. Nous n’avons pas d’informations sur les matériaux utilisés mais cela ressemble à de la fibre de verre.

La suspension semble elle aussi traitée sur l’avant et sur l’envers elle parait être en tissu.

Le châssis est très lourd, rigide, mais semble bien aéré pour le medium. La bobine et le spider ne sont par contre pas ventilés.

La partie connectique est faite bien proprement.

Dommage qu’elle ne soit pas réalisée avec des borniers à pince comme sur la compression. Le rendu aurait été encore plus propre.

 

Le diaphragme de la partie compression est  en titane avec une bobine de 2.5 pouces comme sur certains modèles à sortie 1.4 pouces de la production B&C. Par exemple, au hasard : la DE620TN.

NB : Le dernier diaphragme amélioré de la DE618TN aurait été le bienvenu.

Ici la sortie est en 1.3 pouces et l’amorce de pavillon semble être une pièce en aluminium qui fait la jonction avec le cône du haut-parleur qui termine le profil du pavillon.

Le cache poussière est très fin et a priori acoustiquement transparent.

Je ne peux pas vous le montrer en photo mais le cône est mobile alors que l’amorce de pavillon est fixe. Jusque là cela parait normal mais même en position de repos il y a un espace vide entre les deux qui doit faire une rupture de profil. Ce qui est sûrement dommageable.

Impédance

Les mesures d’impédance ont été réalisées à l’air libre.

Pour la partie grave

On remarque une fréquence de résonance vers 67Hz et deux inflexions à 680Hz et 3khz.

Pour la partie aiguë

 

Le pic d’impédance vers 1700Hz parait avoir un Q moins élevé que sur la mesure publiée par B&C et parait souffrir de perturbations. J’ai réalisé plusieurs mesures, dans plusieurs positions, même en jouant sur la position de la membrane ou en l’amortissant et rien ne change. Idem en faisant la mesure avec le logiciel LIMP et en moyennant les mesures. On a de petites variations mais dans le principe on retrouve toujours ce type de perturbations. Je n’ai donc pas d’explication sur l’origine. Il faudrait peut être aller voir du côté du diaphragme et de son amortissement.

On retrouve par contre le fractionnement de ce diaphragme après 15kHz et peut être même à partir de 9khz.

Paramètres de Thiele and Small

Comme d’habitude avec B&C les données du constructeur sont très proches de ce que l’on peut mesurer.

Ce haut-parleur n’est pas taillé pour faire du grave abyssal, néanmoins bien chargé il est possible de l’utiliser en deux voies sans être trop gourmand. L’extension sera équivalente à une petite enceinte bibliothèque bas rendement.

Pour parler chiffre : chargé dans 42 litres accord 56Hz il est possible de chatouiller le 50Hz à -3db.

Le Xmax réel calculé est faible : 2.5mm. Le SPL max dans ces conditions est d’environ 108db à 1m pour 13.5volts (32 watts).

Il ne me semble de toute façon pas souhaitable de demander de grandes excursions à un haut-parleur coaxial afin de ne pas trop perturber la partie aiguë.

J’avais l’intention durant le test de ce haut-parleur de le mettre en oeuvre en deux voies mais il me semble que cela est vraiment juste et finalement pas si adapté, il sera préférable de l’associer à une voie grave.

Réponse en fréquence

La mesure a été réalisée dans l’axe du haut-parleur à 25 cm.

NB : L’écart entre les centres émissifs des deux haut-parleurs a été mesuré à 94mm.

Il est très difficile d’interpréter cette mesure de manière brute comme ça.

Les courbes obtenues sont assez ressemblantes avec les courbes fournies par B&C.

Le woofer semble fractionner autour de 3kHz et la compression semble plutôt bien chargée pour un « pavillon » si court. On note du niveau jusqu’à 700-800Hz. B&C annonce une fréquence de coupure conseillée à 1200 Hz. Cela parait tout à fait possible même si avec un fractionnement à 3kHz pour le woofer il faudrait pouvoir descendre sous 1000 Hz. Le grand écart est annoncé !

La réponse de la partie aiguë parait très chahutée et fait les montagnes russes. Nous verrons plus tard que cette partie est entachée d’accidents, probablement liés à la de la diffraction et qui rends les mesures difficilement reproductibles en fonction de la position de micro et de l’axe de mesure.

Au cours des essais avec ce haut-parleur j’ai réalisé un filtre (actif) avec une fréquence de coupure à environ 1080Hz  et j’ai pu réaliser des mesures hors axe de l’ensemble ainsi filtré.

La mesure a été réalisée avec des pas de 15°. On a donc ici des mesures à 0, 15, 30, 45, et 60° .

On remarque que la transition entre les deux haut-parleurs à la fréquence de coupure ne souffre d’aucun accident de directivité, c’est le point fort du coax qui homogénéise le raccord de directivité. Mais des défauts sont notables plus haut. On voit qu’à 15 degrés la courbe se lisse franchement mais ceci n’est pas « stable » à tous les angles.

Si on normalise la vue, voici le résultat, ce sera peut être un peu plus lisible pour vous :

Ce comportement est franchement très dommage car ce que l’on gagne d’un côté avec le concept « coax » on le perds de l’autre par des défauts de profil pour la compression.

Clairement une solution séparée avec un pavillon bien dessiné donnerait de biens meilleurs résultats sur ce plan.

Comportement temporel

Pour cette mesure les haut-parleurs ont été grossièrement égalisés et fenêtrés. La mesure a été réalisée à 25cm.

La compression fractionne très fort après 10kHz et n’est pas des plus propres en dessous. Encore une fois cela est probablement lié à ces problèmes de diffraction notés plus haut.

Le woofer fractionne lui comme prévu à 3kHz avec une raie bien nette.

Distorsions harmoniques

Partie Woofer

La mesure a été réalisée à 25cm dans l’axe avec un niveau de 2.8v. Soit environ 94db à 1m selon B&C.

Mêmes conditions en appliquant +10db

Le niveau de H3 remonte graduellement pour atteindre un pic à 1kHz ce qui correspond à son pic de fractionnement à 3kHz.

On remarque également un petit pic de H5 à 600Hz qui correspond à la même chose (600×5=3000).

Partie compression

Etant donné la courbe de réponse de la compression celle ci a été grossièrement égalisée puis réalignée en niveau avec le woofer

Avec +10db

 

La H2 est probablement exagérée sur mes mesures de part la proximité du micro et de la pression sonore appliquée.

On note des taux de distorsions très bas sur H3 avec une remontée brutale sous 1khz.

On devine un petit soucis à 2Khz avec un petit pic de toutes les harmoniques. Ce phénomène est généralement du à une résonance quelconque. Soit de la caisse d’essai soit de la membrane qui fait office de pavillon. Certains bitument leurs pavillons et l’amortissent un maximum avec des matériaux non résonants, ici ce n’est pas envisageable !

Mesures complémentaires

Le woofer a un pic de H3 à 1khz, et devrait donc être coupé en dessous.

Mais la compression voit ses distorsions fortement remonter sous 1khz et ne sera pas suffisamment chargée par son pavillon pour couper plus bas.

J’ai pu expérimenter il y quelques temps qu’on pouvait essayer de jouer un peu sur les distorsions du woofer par l’ajout de composants passifs.

J’ai placé le curseur de REW à 1kHz pour que vus puissiez lire la légende.

Reprenons déjà la mesure à nu

La H3 a cette fréquence est à 0.95%.

Ajoutons une self série

la H3 passe à 0.565 %. C’est mieux mais on a toujours les pics de H3 et H5 vus précédemment.

Ajoutons un petit condensateur en parallèle de cette self afin de faire un filtre passe bande centré sur le pic de fractionnement à 3khz.

Les courbes de réponse fréquence comparées sont celles ci

Et la courbe de distorsion harmonique obtenue

La H3 tombe à 0.205% et on gomme le pic à 1Kz ainsi que le pic de H5 à 600Hz. Ce n’est pas magique ?

Bien sûr je n’ai pas ré-égalisé les niveaux pour faire une vraie comparaison mais là ce n’est pas qu’une question de niveau comme avec la simple self série, on modifie le profil de la courbe de distorsion et ça c’est intéressant de le montrer.

J’ai, par contre, refait les mesures avec un LR4 actif à 800hz.

L’une simplement avec la self série, l’autre avec le circuit coupe bande. Ici les courbes sont très proches l’une de l’autre même sans EQ.

Côté distorsion voici avec la self seule

Même en filtrant à 800Hz le pic de H3 et de H5 sont toujours présents !

Avec le coupe bande

Ca devient plus intéressant : les courbes de H3 et H5 sont lissées !

On voit bien ici que les différences ne sont pas simplement dûes à la réponse en fréquence mais le filtre passif associé change la donne.

Pour info le circuit coupe bande utilisé pour ces mesure est celui ci

Ce ne sont pas forcément les valeurs idéales mais ce sont celles que j’avais sous la main. C’est juste pour montrer le principe.

Note importante : réaliser un coupe bande en actif n’aurait pas le même impact. Je l’ai déjà expérimenté sur le BMS 12S305. Voir sur ce sujet sur HCFR . La différence se joue probablement du côté de la courbe d’impédance du haut-parleur et de son interaction électrique avec l’amplificateur. Une forte impédance localisée le ferait plutôt travailler « en courant » plutôt qu’en « tension » sur cette bande de fréquence précise. 

Conclusion

Les performances de ce coax sont très correctes sans être exceptionnelles. Le raccord entre la partie medium et l’aigu se fait au chausse pieds mais se fera avec beaucoup moins de compromis que le 8CXN51 dont nous parlions en introduction.

J’ai pu le mettre en oeuvre plusieurs semaines/mois dans mon salon avec un Beyma 12LX60V2 en renfort dans le grave en configuration de filtrage active afin de dégrossir le travail pour le projet nommé « Hybrid » de notre ami Dylan (pseudo Dagda sur le forum HCFR). J’en profite au passage pour le remercier pour le prêt de ses haut-parleurs qui aura permis la rédaction de ce test.

Cette combinaison m’a donné beaucoup de fil à retordre pour la faire (bien) sonner mais le résultat final était très satisfaisant.

La qualité du medium était directement liée à la qualité de mon égalisation. Une solution filtre coupe bande passif pour lisser les distorsions et une atténuation passive de la compression pour améliorer le rapport signal bruit des électroniques, associé au filtrage actif, permettrait peut être encore de gagner un peu. La partie aigu supportait bien une coupure à 1080Hz et se montrait plus fine à l’écoute que ce que ne laissaient présager les mesures.

Si on souhaite faire faire du grave au beyma la sensibilité globale en est très affectée et il faut bien atténuer ce coax pour se raccorder. Pour descendre aussi bas (35Hz -3db visé) et conserver la bonne sensibilité du coax dans une trois voies il faudrait, soyons fous, un 18 pouces dans 200 litres.  Néanmoins en usage domestique c’était déjà plus que suffisant avec une bonne marge de manœuvre.

Au moment où j’écris cette article le B&C 10FCX64 coûte environ 244 euros pièce. Une compression équivalente comme la DE620TN coûte environ 170 euros.

Cela peut donc sembler une bonne affaire que de choisir ce coax mais il faut quand même en avoir une utilité.

Une solution séparée grave medium + compression + pavillon bien choisie sera probablement plus performante pour à peine plus chère mais ne possédera pas le même encombrement physique comme visuel.

La directivité sera probablement un peu meilleure en horizontal si le pavillon séparé est bien choisit mais elle sera mécaniquement beaucoup moins bonne en vertical du fait des entraxes.

J’imagine bien ce haut-parleur utilisé en LCR pour une petite salle homecinema par exemple et associé à un bass management, ou en configuration trois voies pour les plus exigeants.

 

 

 

 

 

 

Cédric B. (Kro)

J’ai mis le doigt dans l’engrenage lorsque j’étais étudiant en achetant mon premier matériel hifi-homecinema. Mon budget restreint, mes diverses rencontres dans la région lyonnaise, et surtout ma cursiosité m’ont rapidement poussé à chercher « comment ça marche » et à mettre les mains dans la soudure. Mon métier est vétérinaire et ma formation a peu de chose à voir avec l’audio. J’ai longtemps été animateur puis modérateur sur le forum du site www.homecinema-fr.com et c’est en grande partie grâce à internet que j’ai pu progresser et apprendre dans le domaine de l’audio. Si j’ai souhaité créer justdiyit c’est pour transmettre à mon tour, et à mon niveau, tout ce que la communauté DIY a pu m’apprendre et continue à le faire chaque jour. Alors quand Guillaume m’a proposé de s’occuper du support je n’ai pas hésité !

3 réflexions sur “B&C 10FCX64

  • Yannick Mahe

    En fait, si je puis me permettre, le principal défaut des coaxiaux, c’est la réponse qui fait pas mal de vagues autour de la fréquence de coupure.
    C’est lié à un interaction acoustique entre les 2 membranes, qui sont tellement proche que chacune est dans le champs d’ondes évanescentes, d’où ces non linéarités d’amplitude.
    Avec les sonorisations d’aujourd’hui bardées de DSP, ce n’est vraiment pas un problème, on peut parfaitement linéariser cela.

    Mais le DSP pour les application hifi, ça l’est bien davantage à mes oreilles (et pas que les miennes) : on perd quand même pas mal d’informations du côté des petits signaux, là où se trouvent les informations de timbre, de réverbération et aussi d’interprétation.

    en tous cas, j’ai fait beaucoup d’essai, parfois en allant vraiment très très loin dans la mise en oeuvre, et j’ai fini par laisser tomber ces DSP en hifi, qui ne se révèlent pas si performants sur le long terme (mais parfait pour le court terme d’une soirée).

    Avec un coax en hifi, un test qui pourrait être intéressant, c’est l’égaliseur analogique en 1/6 d’octave (le 1/3 d’octave ne suffirait pas) ou mieux sans doute, un paramétrique à 6 bandes.

    Répondre
    • Bonjour Yannick, merci pour ce commentaire.
      Sur les mesures que j’ai publié concernant la directivité le coax est filtré avec des pentes de 24db/o à 1080Hz. A cette fréquence et un peu autour on voit qu’il n’y a aucun soucis de raccord en directivité. C’est plus haut en fréquence qu’apparaissent les « vagues ». On aurait le même type de mesures si la compression était mesurée seule et égalisée.
      Le problème n’est pas le recouvrement des ondes des deux haut-parleurs (ou pas que) mais surtout le profil de la charge acoustique de la compression. En effet cette charge acoustique est un « pavillon » composé d’une partie fixe alu et de la membrane du haut-parleur de grave avec un gap entre les deux, un cache poussière, une suspension qui ne suit pas le profil etc. Nous ne sommes pas ici dans de l’intégration optimisée comme le peuvent être les coax de la marque Kef par exemple.
      Ces non linéarités doivent être égalisées avec parcimonie car ce qui est vrai dans un axe ne l’est plus vraiment dans un autre. Il faut donc corriger très grossièrement avec des facteurs de qualité pas forcément élevés et/ou pourquoi pas sur la base de la réponse en puissance.

      Répondre
  • Dylan

    Merci Cédric pour cet article.

    Je ne trouve pas qu’il y ai des « vagues » à la Fc !?!
    Le DSP permet de faire de la linéarisation, du filtrage, et remplace un égaliseur externe.

    Dans ce projet (le mien) ce coaxial sera couplé au 12LX60V2 évoqué dans l’article. L’utilisation est domestique avec un cahier des charges défini. La forme et le volume de l’enceinte a été validée avec madame puisque les enceintes seront dans le salon.
    Je veux pouvoir aussi bien écouter de la musique que jouer de la musique dessus (en passant par ce la simulation d’ampli).
    Le coaxial est un compromis esthétique et pratique, un peu comme les Tannoy 😉

    Le coaxial sera monté dans un volume clos et aura une coupure naturelle autour des 100 / 120Hz, couplé à un filtrage dans les 140Hz très probablement. Donc la membrane du médium ne bougera que très très peu et la perturbation de l’aigu sera vraiment limité.
    Quand bien même, j’ai fait le boulot avec un petit coaxial SEAS de 10cm (avec un ampli 2 voies + dsp) et ce n’est pas critique pour de l’écoute domestique.

    L’enceinte sera amplifié par une « plate » Hypex Fusion FA503, donc 3 amplis avec un DSP pour faire une partie du job de correction et de filtrage, l’autre partie sera faite en passif comme évoqué dans l’article avec la LC sur le médium pour briser la H3, un L-Pad sur la compression pour limiter les potentiels bruits des électroniques en plus d’une grosse capa pour la protéger.

    Les potentiels « pertes » d’info dans le DSP, je ne vois pas bien.
    Il y a des risques de détériorations avec de la multiple conversion (A/N – DSP – N/A) mais ici, j’attaquerais en numérique directement dans le DSP. Je n’ai aucunement ce souci avec la petite enceinte coax SEAS citée plus haut et pourtant le j’attaque en analogique avec en plus une gestion du volume avant la conversion A/N !

    D.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *